149- Papillon plus grand que nature (07FEV25 2/2)!

Après coup, j'ai regretté un petit peu beaucoup mon audace à vouloir concocter un second texte sur Baby Papillon. J'ai frappé un mur alors que je suis sur le cas de cette femme capitalisant tous mes désirs... momentanés ! Disons que détailler la vie publique d'une célébrité oubliée d'avant l'ère du numérique, ce n'est pas facile. J'ai fait un énooooorme effort de recherche "internet" pour déceler le petit détail qui pourrait mener à une découverte... pour ajouter quelques faits véridiques à mon texte. Si ce n'est pas fait, filez lire la première partie de l'histoire de Baby Papillon vers le texte 147, pour y saisir les étoiles qui pétillent dans mes yeux à l'évocation de cette femme hors norme. Pour mon travail d'enquête, imaginez un blogueur (moi) parcourant les cabarets de la province pour suivre la dame qui lui fait vivre, en pensée, des trucs à garder secrets !  

Devinez une Baby Papillon ayant un blogueur aux trousses, obligée de sortir de sa nuit en cabaret par une porte dissimulée dans la conciergerie pour échapper à l'ultime groupie ! Elle aurait probablement affaire avec le pendant masculin de Martha dans la série Mon Petit Renne en VQ (Baby Reindeer en VO) sur Netflix. Ou bien à un admirateur obsessif tel que Kathy Bates, qui ferait tout pour garder Baby Papillon tout près de lui, son fantasme ultime ! Hihihi ! Mais non, soyez sans crainte, je parais quand même équilibré même si je m'intéresse au plus haut point à cette chère Mlle Papillon, comme un Joe Goldberg dans la série You (Parfaite en VQ), qui se découvre une passion obsessionnelle hors du commun pour... une cliente. Ouin... c'est ça que nous allons faire avec ce texte, allons suivre Baby Papillon dans une petite tournée québécoise en mode cabaret.  

Bien entendu, avant d'aller plus loin, je m'oblige à faire ce petit éloge factuel aux rondeurs... mouuuuui ! Encore une fois, je vous achale avec une publicité sur mes réseaux sociaux, qui est venue me chercher des feelings. Je dois avouer que la femme en question dans la publicité est d'un âge où je pourrais être son père, mais ça n'empêche aucunement qu'elle soit adooooorable devant la caméra. Oooooooh... un joli brin de femme placotant de jeux de société offerts par une librairie très connue, c'est impossible de ne pas s'arrêter pour l'écouter, la regarder, l'admirer !  
Jolies joues, joues joufflues.  
Visage rond, cœur qui fond.  
Des lunettes chic, regard authentique.  
Mais ce qui m’colle, ces courbes qui m'enjôlent.  
Ce joli chemin, des hanches sans fin.  
Est un pur bonheur, à faire rêver un admirateur de rondeur !  

Hihihi, j'imagine dans ma tête une Passe-Partout (l'unique Marie Eykel) répéter cette petite comptine pour mon plus grand bonheur ! En tout cas, Mélanie (c'est son prénom), merci d'être passée régulièrement dans mes publicités ciblées par l'algorithme ! Oui, je me suis laissé envahir par tes exposés euphoniques sur les "jeux de société" coup de cœur... la librairie a gagné un fan... ouf ! Encoooooore merci, pétillante Mélanie !  

Je descends de mon nuage, ne vous inquiétez pas. C'est pour mieux rejoindre cet autre nuage très lourd, celui m'offrant 350 livres de feeeeeelings explosifs (vous allez comprendre). Sur la plupart des publicités des cabarets où Baby Papillon fut la tête d'affiche, on peut y lire : Baby Papillon, 350 livres de dynamite et Pitou Labotte sex maniac. Pitou Labotte... vraiment ? Si ce n'est déjà pas une panacée que de dénicher des informations sur Baby Papillon, trouver des histoires croustillantes sur ce Pitou, c'est davantage un exploit.  

Ce que je peux écrire à propos du compagnon de scène de Mlle Papillon, c'est qu'il se prénomme ou se prénommait (je ne sais pas s'il a passé de vie à trépas jusqu'à maintenant, en 2025) Gaston Fortier. Après une petite recherche, il semble avoir débuté sa vie de danseur nu en cabaret en 1975, en solo. Selon une coupure de journal de cette année-là, Pitou s'est fait aller le popotin pour le Manoir Ste-Julie à Laurierville (devenu le bar Le Petit Canot, puis le bar L'Historique, puis une habitation [bâtie en 47, incendiée en 57 et remise sur pied l'année suivante]), qui offrait un souper aux "beans" gratuit dès 18 h... hihihi ! Dans ma lointaine vie de jeune adulte, je ne pense pas avoir déjà eu quelque chose de gratuit dans un "bar de danseuses", même si je dis que je me suis déjà fait offrir quelques puffs de tabac au haschisch !  

Fait cocasse, Pitou Labotte a été arrêté pour "grossière indécence" plus tard en 1975, à la suite de ses numéros. Il fut accusé d'avoir été flambant nu sur scène. À sa défense, il expliqua au juge qu'il n'était pas complètement nu puisqu'il avait gardé ses chaussettes... hahaha ! Verdict : trois amendes successives de 100 $ (533 $ en argent de 2024). À propos du bar, qui est aujourd'hui un beau domaine au look antique, une manchette judiciaire moins cocasse fait état d'une saisie de drogue en 1993.  

Gaston (Pitou) semblait être le parfait partenaire de Thérèse (Baby) pour des numéros de style burlesque. Son personnage de scène arborait une coiffure rasée pour donner la forme d'un phallus à la calotte, de nombreux tatouages couvraient son corps qui n'avait absolument rien de la carrure d'Arnold Schwarzenegger. En fait, toujours selon ce que j'ai lu, Pitou Labotte jouait le rôle d'un chien soumis à Baby Papillon, sa maîtresse, qui avait le dos large (un dos que j'imagine bien en chair) pour la punition ! Du BDSM ? Je ne crois pas. Nous sommes trèèèèès loin de la définition que l'on y donne dans les années 2000. Peut-être que vous pouvez vous référer à la scène emblématique du film Cruising Bar, où Serge (le ver) termine sa soirée dans un bar gay bien malgré lui et se retrouve à quatre pattes pour fuir son... maître !  

Alors que Pitou Labotte, sex maniac, roulait sa bosse en solitaire, il aurait eu cette rencontre improbable avec Baby dans un cabaret, sous toute réserve, le Café de l'Est (actuellement un terrain vague montréalais, intersection Bennett et Notre-Dame), où les plus grands artistes québécois semblent être passés pour combler des périodes de rodage de spectacle. Il est dit que tout le gratin de cette époque a offert des prestations dans cette salle de spectacle, sauf Yvon Deschamps et les Cyniques... woooow !  

Tout ça pour dire que nos deux protagonistes y auraient rapidement formé une amitié improbable pour des numéros rigolos et sexy : Baby jouant des tours à Pitou, tandis que ce dernier, toujours bien naïf, se faisait prendre dans les combines de sa maîtresse. Leur dynamique comique reposait sur ce contraste entre la ruse de l’un et la simplicité de l’autre, rappelant le style comique vaudeville (genre théâtral caractérisé par une action pleine de rebondissements, souvent grivoise) popularisé par Symphorien (présenté à TVA dans les années 70). Et si je recoupe tout ce que j'ai lu sur le duo, ils furent engagés comme têtes d'affiche au cabaret Croissant d'Or (intersection des rues Laviolette et Saint-Vallier à Québec), fermé après 1996. Il y a quelques faits divers qui ont jaillit de mes recherches. En janvier 96, un homme s'est fait arrêter après avoir eu l'intention de passer la nuit à l'intérieur du Croissant d'Or en se cachant sous un comptoir... incroyable ! Et ce n'est pas le seul truc que j'ai lu en rapport avec cet établissement. Le Soleil de Québec rapporte qu'il y a eu une altercation entre deux groupes là-bas, en 1979, qui s'est soldée par une mort accidentelle !  

Juste pour écrire mon texte, j'ai fait cet immense (pas tant que ça, à vrai dire) travail de recherche sur le site d'archives BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec). Au gré des mots-clés toujours plus pointus, la plus ancienne mention dénichée sur Baby Papillon date de 1971 : la plus grosse danseuse à Go-Go, de 350 livres ! Ouf... c'est un jingle qui lance drôlement une carrière ! L'hôtel Windsor de Louiseville (41 rue Notre-Dame Nord à Louiseville), où Baby fut invitée, était un bâtiment emblématique de la petite ville. L'hôtel, comme bien d'autres à cette époque, offrait un éventail de services, comme la location de chambres, un restaurant, des spectacles, des soirées dansantes et... des danseuses nues... ben oui ! Récemment, après avoir longuement abrité un restaurant, le vieux bâtiment a retrouvé une vocation résidentielle, gardant dans ses murs les souvenirs du passage de Baby (mais oui, le plancher a résisté, hihihi). Disons que Baby Papillon semblait bien en vue à Louiseville, elle y exposait ses courbes sur scène du jeudi au dimanche... huuuuum ! Mais bon, en 71, je n'existais pas encore, puis le coin de Trois-Rivières demeure un petit peu loin !  

Fort de cette découverte, je défriche davantage les Archives Nationales pour y dénicher, en 1978, la première publicité de journal qui fait mention de l'improbable duo, Baby et Pitou. Pour 1 $ (4,25 $ en 2024... woooow), on pouvait assister au numéro burlesque de nos deux protagonistes hauts en couleur, à l'hôtel Stornoway de... Stornoway ! C'est où, ça ? Vous trouverez ce village de 600 âmes dans le coin de Mégantic... ouin... ce n'est pas à la porte. Je n'ai pas vraiment trouvé un véritable historique de l'hôtel, mais en 1984, une manchette judiciaire raconte l'histoire d'une danseuse qui s'est fait agresser dans sa chambre. Puis, en 1986, un groupe de citoyennes indignées, appuyé par les organismes municipaux des environs, veut suspendre les activités "cabaret" du bar-salon de l'hôtel. Aujourd'hui, la Résidence Johanne ou Hébergement Stornoway compose la raison sociale du bâtiment. Des espaces d'hébergement y sont offerts, correspondant à la certification de village-relais de la municipalité... sans cabaret de danseuses nues !  

Mais, dans tout ce que j'ai lu, absolument rien ne parle des débuts de nos comparses, uniquement des spéculations que vous pouvez vous-même inventer. S'il y a eu une première collaboration entre nos deux protagonistes, roi et reine des cabarets, il y aurait forcément eu une tournée d'adieu. Pourquoi auraient-ils arrêté leur complicité ? Ça... je n'ai trouvé ni piste intéressante ni raison plausible pour expliquer la fin de leur duo. Si je fouille les coupures de journaux existantes, la dernière mention d'un spectacle de la dynamite et du sex maniac est, selon l'interrogation des Archives, en 1983, au Nid Condor de Granby, sous l'épithète "les fiancés de l'année" ! Hum... j'imagine que ces fiançailles n'étaient que partie intégrante du spectacle, la photo accompagnant l'encadré en dit long. Concernant l'établissement, une manchette triste est disponible, racontant que le Nid Condor a été incendié d'une main criminelle en 1994, entraînant dans la mort deux danseuses. Il fut remplacé par un restaurant et un bar laitier, avant de devenir le centre de jardin qui occupe aujourd'hui l'adresse de l'ancien cabaret.  

J'ai vu qu'en 1983, à la date estimée de la fin du duo Baby et Pitou, un nouveau couple burlesque a fait son apparition sur les scènes des cabarets. Ce couple était à l'image de Papillon/Labotte, sauf que c'était l'homme qui faisait le poids : Bébé Bourdon, 400 livres de dynamite, et Myrabelle avec sa taille de guêpe... hihihi ! Est-ce que cette "compétition" est à l'origine de la fin des "fiancés de l'année" ? C'est possible.  

La grande épopée des cabarets a évolué, la remise en question des bars de danseuses faisait l'actualité. Des éditeurs de petits journaux commencèrent à rejeter les publicités liées aux clubs de nuit présentant des spectacles de danseuses nues. Des villes refusèrent d'octroyer des permis de "spectacle" de danse érotique, gangrenant la paix de certains quartiers. Puis, les groupes de motards criminalisés entrèrent en force dans le monde des bars. C'est certain que Baby Papillon devait arrêter de se produire sur scène un de ces jours. Je ne connais pas le public des cabarets d'autrefois, mais les goûts devaient évoluer, comme aujourd'hui. Probablement que cette révolution se déroula beaucoup moins rapidement que dans les années 2000, puisque les réseaux sociaux internet n'existaient pas pour nous surexposer au vedettariat et au sensationnalisme.  

La dernière mention que j'ai trouvée pour un spectacle où Mlle Papillon était à l'affiche, c'est à la mi-1992, à l'ancien Bonnie Bar de Trois-Rivières (il a déménagé depuis). Ce bar, dans son ancienne version, a déjà fait les manchettes pour de mauvaises raisons, comme celle d'avoir hébergé deux adolescentes (12 et 16 ans) en fugue s'identifiant comme danseuses. C'est le SPVM (Service de police de la Ville de Montréal) qui a découvert le pot aux roses cette année-là... triste que ce genre de truc soit toujours d'actualité. My God, je m'aperçois qu'en 1992, j'ai réellement manqué de peu de voir mon fantasme en chair et en... en... encore plus de chair ! J'étais majeur mais... peu intéressé par le sexe opposé... hélas.  

Pour écrire mes deux textes, j'en ai lu, des coupures de journaux, pour y découvrir des événements oubliés. Petite constatation cocasse : dans les années 70, les cabarets annonçaient Baby Papillon à 350 livres de dynamite. Dans les années 80, mon fantasme s'affichait à 400 livres de dynamite, puis... hooooolala... 450 livres dans les années 90... ouf ! Force est de constater que Thérèse Boivin est décédée deux ans après la dernière publication, à 65 ans, des suites d'une complication liée à une pneumonie, alors qu'elle souffrait d'un cancer du pancréas. Il faut dire que ce cancer ne laisse pas beaucoup de chances, même avec la médecine moderne. Est-ce que Mlle Papillon avait cessé cette vie publique alors qu'elle souffrait de la maladie ? C'est fort possible si on se donne la peine de rassembler et de colliger toutes les informations glanées. La page Wikipédia de Baby Papillon relate qu'au moment de son décès, elle pesait 230 livres. C'est la définition parfaite d'une longue maladie qui te grignote à petit feu.  

J'espère que cette petite série de textes vous a plu. Avec une grande surprise, je peux vous dire que j'ai adoooooré jouer au journaliste d'enquête. Chaque nouvelle information me lançait sur une nouvelle piste qui obligerait, pour la plupart, à fouiller dans des archives municipales en mode... présentiel... ce que j'aurais fait avec plaisir s'il y avait une rémunération ! Ça sera pour une autre carrière si l'Univers m'y aiguille. C'est ici que je vous dis : à la revoyure, chers lecteurs et lectrices !  



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